TES DOIGTS SUR MES YEUX
Une femme à la dérive ; égarée parmi des codes de représentation inadaptés ; des nébuleuses de passé prêtes à imploser ; demain est cloisonné ; le réel sans issue. Il faudra que tout s’écroule pour entrevoir un interstice, une perspective, une ligne de fuite. Il faudra un cadavre pour enterrer ce qui n’est plus. Il faudra aller plus vite que son détonateur cardiaque. Il faudra ouvrir les yeux. Et il faudra bien qu’il y ait un horizon…
Extraits :
# 13.
- ha ! ça sonne
Demi – Ca vibre
Lilu – J’suis en retard, j’suis en retard
- Alors ?
- Ben rien. Répondeur.
- rôôh
Demi – Ca vibre
Lilu –- C’est bon. Je me fais belle
Demi– Qu’est-ce que ça change
Lilu – – Merci ça fait plaisir
Demi – Ca vibre
Lilu – J’ai toujours été en retard
Demi – Pas pour ce qu’il ne faut pas faire.
Lilu – C’est vrai. Qu’est-ce que ça change.
Demi – Qu’est-ce que ça change. C’est vrai.
Lilu – Qu’est-ce que ça change / A ce qui ne devait pas avoir lieu / Oui, c’est ça / C’est ça qui m’est venu trop tôt. Ce qui ne devait jamais arriver / Je l’ai… Va savoir, maintenant. Ce que j’ai vu venir ? Si je l’ai vu venir ? Je l’aurais désiré (?) A un moment, j’ai su. Je n’y couperais pas. Alors autant désirer. Hein. (C’est un cadeau du temps, petite, tu vas devenir grande. Un saut dans les années, entouré d’un gros ruban aveuglant.) Idiote ! Tombée dedans. Un piège, idiote ! […] Depuis, et pour, tout, à jamais, c’est trop,
Demi – trop tard
Lilu – trop tard. / Marre marre marre j’en ai marre. Encore un aujourd’hui qui ne ressemble à rien.
# 14.
Lilu – Encore un aujourd’hui qui ne ressemble à rien. A l’infini. Que le bout de cette journée va être si laborieux à atteindre. Qu’il parait. Je n’en doute pas. A l’infini. J’en ai marre. De l’infini j’en ai marre à la fin.
Demi- Lacère. Lacère tout. Si ça défoule. Autant que ça t’épuise.
*.
X – Entertainment !
Lilu – Non
Demi – Tu peux
Lilu – Non
Demi – Tais-toi
Lilu – J’écoute
Demi – Maintenant
Lilu – Non
Demi – Tatata, on y échappera pas
Lilu – D’accord. Non
Demi - Entertainment !
Lilu – D’accord. Non
Demi – Entertainement !
Lilu – D’accord
X – Japanese entertainment
Demi - (Traducton) … hier, ils ont dit au journal … … que ceux qui ont un logement, trois repas par jour et des vêtements … … constituent sur le plan du niveau de vie, 40% de la pop – u – nation … … grâce à l’argent des autres … … je mène ici une vie de princesse dans un appartement luxueux … … mais ici dans cette vi(ll)e tape à l’œil … … je n’ai pas le sentiment d’appartenir à ces 40% ... …jusqu’au sommet, la montée est raide … … Et la chute mortelle … … dans cette vi(ll)e, tout le monde veut gagner… … est-ce que je survivrai…
Lilu – Non.
Demi – Entertainement !
Lilu – D’accord. Non
Demi – Entertainment !
Lilu – Non
Demi – Mais, c’est rendre viables les jours, sale pute ! ... abrupts, je voulais dire, abrupts, les jours abrupts
Lilu – D’accord d’accord d’accord d’accord d’accord d’accord d’accord d’accord d’accord
X –entertainment !
# 15.
Lilu- Bla bla bla Bla bla. C’est plus l’heure, là, de m’avachir avec tes histoires sans queue ni… Ni tes images à dormir debout. Faudra r’passer. Quoi que tu fais / ça fait rien que m’embrouiller. Ca m’retourne le cerveau. Et oui oui, je t’ai déjà déjà expliqué ce que ça me fait. Après tout. Je vais m’y mettre. Avec tout ce qui se passe, va inévitablement se passer. Que je vais me mettre la tête à l’envers. Avec tout ce qui va nous passer sous la main. Et que l’un dans l’autre, il se pourrait que je garde les épaules. Plus ou moins droites. Malgré tes blaaa blaaa. Pour m’endormir faudra r’passer. Au fer rouge, tous tes blaaa blaaa. Là, ça t’empêche de voir ou quoi ? T’arrives même pas à…
Regarde… Non mais regarde où on en est. Déjà. Hein. […] Jusqu’où ça tiendra, ça ressemble à rien, jusqu’où ça peut tenir… Tu peux me dire ça ? Jusqu’où ? Mais tu vois rien, toi ! A travers tes blablas, tu… Non. Hé !... et non non nonon. J’y suis pour rien (moi). T’avais qu’à pas, toi, aussi. Ce matin. Fallait spasmeu… oh laisse tomber. Oui voilà me laisser tomber, oui. Fallait, oui. Fallait pas me, j’y j’y suis pour rien, c’est toi… tu … est parti ? il est parti. Ca. Ca fait longtemps ou… nonon. C’est ça. Oui. Tiens ça m’étonne à peine. Voilà. Ben oui. Voilà. C’est tout. Ca. C’est toujours (ça. Toujours) comme ça.
# 16.
Lilu – Enfin tranquille
(Connexion au nombril)
Lilu – Allo / il subsiste une erreur, et je m’y confonds /
une dépression ? /
que je m’imagine !? /
Crois pas /
Non, j’en ai assez /
un vide qui complète le vide, ça ne fait rien, ne fera rien /
oui c’est bon /
non c’est rien, fallait s’y attendre /
hun hun, je l’attendais /
ne plus jamais attendre ? Ca j’en sais rien /
une vie c’est pas, une idée dissonante et abstraite /
tu m’entends… Je ne m’entends plus !? /
c’est coupé.
(D’une main elle se caresse le ventre de petits cercles à la manière d’une femme enceinte. Savoure la sensation.)
La vie, c’est presque tout rose. Love la vie !
(De l’autre main, elle tape la main qui caresse.)
Ca suffit maintenant, c’est terminé tout ça.
(Connexion au nombril)
Oui allo /
non moi non plus je n’imaginais pas /
ha ça, après ça /
qu’on pouvait vivre, non /
non survivre je n’y croyais pas /
non dans l’absolu, aujourd’hui /
et alors, et après /
survivre à moi ? /
ça changerait quoi /
hein /
ça non c’est sur comme tout /
ça change pour que rien ne change /
ben oui /
ce qui nous reste /
bye bye
Connexion au nombril
Allo et je ne suis pas épuisée tu vois. A croire que /
ça fortifie, d’endurer /
c’est l’entraînement, pour les combats de fond /
(fin de connexion)
D’ailleurs, faudrait te fortifier un peu. Que ça ressemble à quelque chose. Hein. Puisqu’on en est déjà là, c’est… Qu’on en reviendra pas. Tu vois. C’est con, ça. Et ça, je sais, ça, tu ne veux pas l’admettre. Hein ? Reconnais-le. Reconnais-le au moins que tu ne peu/heu/veux pas t’y résoudre. Peux pas : non. P’ti chat veut pas. Peux pas faire ça, que tu te dis, hein, peux pas peux pas, peu peu peu. Peupu !